L’Association Départementale Isère Drac Romanche a été créée par décret en Conseil d’Etat le 27 septembre 1936 afin de mettre en œuvre d’importants travaux de confortement des digues mais également, on le sait moins, pour mener de gros travaux d’assainissement des plaines. En 1969, la compétence de l’ADIDR a été étendue à la vallée de la Romanche en Oisans puis, en 2010, à la plaine de Vizille, ce qui l’a amené à gérer plus de 220 km de digues.
Par sa connaissance du territoire, ses compétences, son savoir-faire et sa réactivité, l’ADIDR a été un acteur incontournable dans le département de l’Isère dans le domaine de la protection contre les inondations pendant plus de 80 ans. De renommée nationale, elle a répondu présente aux nombreuses sollicitations. Elle a ainsi participé à l’élaboration de la réglementation sur les digues, à des colloques, des travaux de recherche, des journées techniques, des formations… Une expérience et une expertise que l’AD a également souhaité partager en participant à la création de France Digues, l’association nationale des gestionnaires de digues, qui a vu le jour en 2013.
Un contexte législatif incompatible
En 2014, la règle change avec la loi MAPTAM et la création de la compétence Gemapi (gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations) confiée aux EPCI au 1er janvier 2018. Cette compétence recouvrant en partie les missions de l’AD Isère Drac Romanche ne pouvait être transférée ou déléguée par les EPCI qu’à un syndicat mixte. C’est dans ce contexte que notre structure a été amenée à évoluer.
Du fait de l’existence, depuis 2004, d’un syndicat mixte maître d’ouvrage de gros travaux de requalification des systèmes de protection contre l’inondation - le Symbhi - et de sa coopération de longue date avec l’ADIDR, c’est tout naturellement qu’un rapprochement entre les deux structures a été envisagé dès 2016, puis étudié plus finement en 2017. Le principe de la fusion a ainsi été acté fin 2017 lors de la dernière assemblée générale de l’ADIDR. La signature d’une convention entre les deux structures a alors permis de coordonner leur action jusqu’à la dissolution de l’ADIDR.
L’année 2018 a ainsi été particulièrement dense car nous avons dû préparer cette dissolution tout en assurant la continuité de nos missions. S’est notamment posée la question essentielle du transfert des ouvrages remis en gestion à l’ADIDR par les associations, syndicales, l’Etat et le Symbhi, ces ouvrages n’ayant pas vocation à être inclus dans le cadre des opérations de liquidation de l’actif.
Transfert des ouvrages gérés par l’ADIDR
Les ouvrages de protection gérés par l’ADIDR sont propriété soit des ASA, soit du Symbhi, soit de l’Etat. L’approche traditionnelle, lors d’une dissolution, est un retour des ouvrages gérés vers leur propriétaire d’origine, puis une redirection vers le (ou les) gestionnaire(s) nouveau(x). Cette approche était singulièrement compliquée pour l’ADIDR car, si les ouvrages lui ont été remis en gestion aux seuls motifs de leur utilité et de leur caractère public, ils n’emportaient pas avec eux les actes de propriété, éléments des plus incertains en ce qui concerne des ouvrages anciens. C’est pourquoi la procédure qui a été préférée a été celle de la mutation domaniale. Il s’agit d’un transfert de gestion unilatéral à l’initiative de l’Etat, sur le fondement de l’Art L2123-4 du CGPPP (lire ci-contre). Cette procédure permet le transfert de gestion en bloc vers le Gemapien (en l’occurrence le Symbhi) sans repasser par la case « propriétaire ». On reste ainsi dans l’esprit de la loi de 2014, qui souhaite que soit préservée l’unité en matière de gestion des ouvrages.
Dissolution de l’ADIDR
Le 12 décembre, le dernier comité directeur de l’ADIDR a sollicité sa dissolution au 31/12/2018 et, le 19 décembre, le comité syndical du Symbhi a confirmé sa substitution dans les missions et les activités de l’ADIDR, ainsi que dans tous les contrats et conventions passées. L’acte final a eu lieu le 21 décembre 2018 avec la parution de l’arrêté préfectoral portant dissolution de notre structure au 31/12/2018.
C’est donc une belle aventure de 82 ans qui se termine, mais sans nostalgie. Nous avons le plaisir d’en commencer une autre au sein du Symbhi que nous souhaitons tout aussi longue et passionnante. Pour ce nouveau départ, nous sommes également rejoints par une partie de l’équipe du Sigreda (lire ci-contre). Le Symbhi devient ainsi, au 1er janvier 2019, une structure aux compétences très complémentaires.
Le nouveau Symbhi
Jusqu’à présent, le Symbhi prenait en charge les travaux d’aménagement visant à protéger les biens et les personnes des inondations et à restaurer les rivières. La fusion avec l’ADIDR vient y ajouter les missions relevant de la surveillance et de l’entretien courant des digues et des rivières. Enfin, le transfert de la compétence Gemapi par les communautés de communes du Grésivaudan, de Mathésine et du Trièves (incluant les affluents) vient agrandir les champs d’intervention du Symbhi. À noter : la métropole de Grenoble (GAM) conserve la gestion des affluents sur son territoire.
Qui dit nouveau Symbhi, dit nouvelle organisation… Si la direction reste inchangée, les missions se répartissent dorénavant en pôles et unités territoriales. On retrouve ainsi un pôle « administratif », un pôle « gestion des ouvrages » correspondant à l’intégralité des missions de l’ADIDR, et des unités territoriales « Drac », « Grésivaudan » et « Romanche ». Celles-ci regroupent les gros travaux (de type PAPI) sur les grandes rivières et la gestion Gemapi du bassin versant. L’objectif est de conserver une organisation et un fonctionnement réactifs, au plus près du terrain.